Valentine Brémond-Bostoen, doctorante NEUROPOP
Valentine Brémond-Bostoen, doctorante NEUROPOP

Mots-clés : odeur corporelle, communication chimique, perception du visage, choix du partenaire, différences entre les sexes, différences d'âge, intégration multisensorielle
Résumé : Cette thèse étudie comment des facteurs potentiellement pertinents pour le choix du partenaire - l'âge, le sexe et la source de l'odeur - influencent la composition
chimique et les caractéristiques perceptuelles des odeurs corporelles humaines. À travers une série d'études interconnectées combinant analyse chimique, évaluation perceptuelle et réalité virtuelle, nous avons examiné comment ces facteurs influencent la chimie et la perception des odeurs corporelles, et comment ils affectent l'attractivité.
Pour répondre à notre premier objectif méthodologique, nous avons développé et validé ABOV (Analysis of Body Odor Volatiles), un nouveau dispositif d'échantillonnage conçu pour collecter les composés volatils en suspension dans l'air provenant de l'aisselle et du cou. L'étude 1 a démontré qu'ABOV capture avec succès des profils chimiques spécifiques à chaque individu. Le côté, la source, le sexe et le sujet représentaient 52,00% de la variance totale des compositions chimiques. Le dispositif a permis une différenciation fiable entre les sources anatomiques, et une différenciation modérée entre les profils sexuels, fournissant ainsi une base pour les investigations ultérieures.
Notre deuxième objectif a exploré les différences chimiques dans les profils d'odeurs corporelles. Les études 1 et 2 ont révélé que si l'identité individuelle était le déterminant
le plus fort, des différences significatives existaient entre les sources anatomiques. L'analyse chimique a révélé des profils distincts entre les régions du cou et des aisselles,
reflétant probablement leur différente composition glandulaire et leurs environnements microbiologiques. Les différences basées sur le sexe, bien que contribuant également de manière significative à la variabilité chimique, étaient plus subtiles, avec une précision de discrimination modérée. L'étude 2 a approfondi cette différenciation, trouvant des
différences chimiques significatives entre les sexes pour les enfants prépubères et les adultes. Elle a également montré que l'âge était un autre facteur expliquant la variabilité
chimique et que la discrimination entre les groupes d'âge était plus importante qu'entre les sexes.
Le troisième objectif a examiné les caractéristiques perceptuelles par des approches complémentaires utilisant des évaluateurs non entraînés et des panélistes entraînés. Les
évaluatrices non entraînées ont discriminé les différences basées sur le sexe dans les odeurs du cou, en particulier pour les échantillons d'adultes plus âgés. Les évaluateurs
masculins ont évalué les odeurs corporelles féminines comme plus attrayantes. Le panel entraîné, après un mois de formation standardisée, a fourni des profils descriptifs détaillés révélant des modèles liés à l'âge et au sexe. Les odeurs des jeunes adultes étaient caractérisées par des termes comme "gras/beurré" (40,5% pour les échantillons masculins contre 25,5% pour les échantillons féminins) et "rance", tandis que les échantillons des adultes plus âgés recevaient davantage de descripteurs de "parfum" et de "savon".
Nos objectifs finaux ont étudié la perception des odeurs corporelles dans un contexte proche de la vie réelle présenté en réalité virtuelle et l'influence du parfum et de
l'étiquetage du genre. Dans l'étude 4, alors que les odeurs corporelles n'ont pas eu d'impact significatif sur les évaluations explicites d'attractivité ou de genre lors de la
présentation vidéo, des réponses physiologiques ont été observées en réponse au parfum lorsque les odeurs ont été évaluées indépendamment après l'immersion dans une session de réalité virtuelle. Lors de l'évaluation explicite des odeurs après la RV, le parfum seul ou combiné à des odeurs corporelles féminines a reçu des notes plus élevées pour l'attractivité, la familiarité et l'agrément par rapport aux odeurs corporelles seules. L'étiquetage du genre a montré de forts effets sur la perception indépendamment de la
source réelle de l'odeur - les participants masculins ont évalué les odeurs étiquetées comme féminines comme plus attrayantes, tandis que les participantes féminines les ont évaluées comme moins attrayantes, suggérant de possibles influences de biais cognitifs basés sur le genre dans la perception des odeurs.
Ces résultats font progresser notre compréhension des odeurs corporelles humaines en tant que signaux chimiques portant des informations sur l'identité individuelle, le sexe et l'âge. Nos résultats démontrent que si les humains peuvent détecter et discriminer ces signaux chimiques lorsque l'attention y est portée, ils ne semblent pas influencer la
perception des personnes présentées dans un cadre proche de la vie réelle (en configuration de RV). Les forts effets des facteurs cognitifs comme l'étiquetage du genre
mettent en évidence la façon dont les facteurs culturels et biologiques interagissent dans la communication chimique humaine. Ces conclusions découlent d'une approche
méthodologiquement diversifiée combinant analyse chimique, évaluation perceptuelle et interactions sociales simulées, contribuant à notre compréhension de la communication chimique humaine dans des contextes contemporains.
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