Erwan Moussy, Doctorant Neuropop
Erwan Moussy (NEUROPOP)

J’ai le plaisir de vous inviter à ma soutenance de thèse intitulée « Entrainement olfactif connecté : impact sur la cognition et le bien-être » (résumé en pj).
Celle-ci aura lieu le lundi 9 décembre à 14h dans l’amphithéâtre du Neurocampus (Bâtiment 462, Hôpital Le Vinatier, 95 Boulevard Pinel, 69675 Bron Cedex).
La présentation sera en français.
Le jury sera composé de :
Pr Hélène Amieva, Université de Bordeaux (Rapportrice)
Dr Denis Pierron, CNRS (Rapporteur)
Pr Catherine Dacremont, Université Bourgogne Franche-Comté (Examinatrice)
Dr Corine Amat, Université Lyon 1 (Examinatrice)
Dr Marion Richard, Université Lyon 1 (Directrice de thèse)
Dr Moustafa Bensafi, CNRS (Co-directeur de thèse)
Dr Camille Ferdenzi, CNRS (Co-encadrante de thèse)
Résumé
L’odorat remplit des fonctions fondamentales dans le quotidien à travers son implication dans la détection de dangers, la prise alimentaire et les relations sociales. Par conséquent, la perte partielle (hyposmie) ou totale (anosmie) d’odorat a un impact significatif sur les conditions de vie, en affectant la santé physique et mentale des personnes touchées. Un nombre important de personnes sont concernées par les troubles de l’odorat, nombre qui est amené à croitre dans le contexte post-crise sanitaire du COVID-19 et en raison du phénomène de vieillissement des populations. Malgré leurs importantes prévalences et conséquences, les troubles de l’odorat sont mal pris en charge à cause d’un double manque d’accès au diagnostic et de traitements efficaces. Parmi les stratégies de remédiation olfactive, l’entrainement olfactif a émergé comme une piste prometteuse mais il reste à être optimisé car son efficacité apparait variable selon les études. L’entrainement olfactif pourrait également présenter des bénéfices plus larges sur le fonctionnement cérébral, qui sont actuellement peu explorés.
Ce travail de thèse propose de nouvelles stratégies de diagnostic et de remédiation innovantes pour améliorer la prise en charge des troubles de l’odorat. Il explore également
l’intérêt de l’entrainement olfactif en tant que stratégie de promotion globale du bien-vieillir au niveau cérébral.
Nous avons développé une nouvelle génération de tests olfactifs connectés, permettant une évaluation rapide et facile des capacités olfactives, plus compatible avec une utilisation en routine clinique que les tests psychophysiques existants. Basé sur un score d’identification et d’évaluation de l’intensité de 8 odeurs, ce test permet de repérer les personnes souffrant d’anosmie de diverses origines.
Afin d’améliorer l’efficacité de l’entrainement olfactif, nous avons développé un protocole assisté par une plateforme numérique, permettant d’améliorer le suivi de l’entrainement et l’adhérence du patient. Nous avons également testé l’hypothèse que l’augmentation de la fréquence d'exposition aux odeurs ou le renouvellement des odeurs durant l’entrainement olfactif permet d’améliorer la récupération olfactive. Chez des patients post-COVID-19 présentant des déficits olfactifs persistants, un entrainement olfactif de 3 mois permet une amélioration de la perception olfactive ainsi que de la qualité de vie (notamment du plaisir alimentaire). Toutefois, l’augmentation du nombre d’odeurs senties quotidiennement ne semble pas améliorer l’efficacité de cet entrainement olfactif. Un entrainement basé sur l’utilisation de produits odorants du domicile se révèle également efficace mais nécessite une vigilance particulière vis à vis de l’adhérence du patient. Nous avons ensuite testé l’hypothèse d’un effet du renouvellement des odeurs durant l’entrainement olfactif, chez des participants âgés avec ou sans troubles de l’odorat. Les résultats suggèrent une meilleure récupération olfactive des participants dysosmiques ayant suivi cet entrainement pendant 4 mois, comparés à ceux ayant suivi à un entrainement avec une seule et même odeur.
Enfin, nous avons évalué les potentiels bénéfices de l’entrainement olfactif avec renouvellement des odeurs sur la cognition des participants âgés, ainsi que sur le bien-être, la
qualité de vie et l’appréciation alimentaire. Nos résultats ne montrent pas d’amélioration significative de la cognition, mais un bénéfice sur les symptômes dépressifs des participants âgés, avec ou sans troubles de l’odorat. En outre, nous avons testé l'hypothèse mécanistique de l'implication du système noradrénergique au cours de l’entrainement olfactif, mais les résultats n'ont pas été concluants : l'activité pupillaire, sous contrôle autonome et - entre autres – noradrénergique, ne montre pas de modification suite à l’entrainement olfactif, suggérant que ce système ne contribue pas aux mécanismes sous-tendant les bénéfices de l’entrainement.
En résumé, l'ensemble de ces travaux apporte un éclairage nouveau sur la perte olfactive, son diagnostic et sa récupération, tant sur le plan méthodologique que scientifique. Il suggère également que l'utilisation des odeurs pour favoriser le vieillissement cérébral reste à approfondir.
CRNL | CH Le Vinatier | Bâtiment 462 Neurocampus Michel Jouvet | Amphithéâtre | 95 Boulevard Pinel | 69500 Bron