Conférence CRNL & Groupe Egalité : Handicaps visibles et invisibles

• Anne-Lyse CHABERT, philosophe, chercheuse CNRS au laboratoire IHRIM de l’ENS Lyon : "L’égalité au travail dans une société inclusive, ça n’existe pas"

Promouvoir une stricte égalité entre les individus dans le domaine du travail par exemple, c’est se donner une illusion que nous ne sommes que des êtres remplaçables, ce qui va à l’encontre de l’idée même d’une société inclusive puisque l’on ignore la singularité propre de chacun qui rend sa personnalité unique. Une personne est toujours constituée d’une histoire, d’un bagage de ressources comme de contraintes à tous les niveaux, bagage qui évolue au fil du temps. En d’autres termes, il convient davantage de prendre en compte des rapports de relations au monde extérieur pour mieux appréhender les possibilités des uns et des autres au lieu de se contenter de la linéarité des équivalences. Il me semblerait plus pertinent d’essayer d’approcher la notion d’équité que défend Amartya Sen dans son concept de capabilité que je présenterai brièvement dans un premier temps. J’essaierai dans un second temps de m’appesantir plutôt sur la connexion entre équité et handicap, puisque celle entre égalité et handicap me paraît être une aporie.

• Karen REILLY, neuroscientifique, chercheuse CNRS, équipe TRAJECTOIRES du CRNL : "Les Handicaps Invisibles : un double fardeau "

Dans cette présentation, je donnerai des exemples de pathologies associées aux handicaps invisibles et j’évoquerai mon expérience auprès d'individus confrontés à des troubles cognitifs légers à la suite d’une lésion cérébrale ou d'un cancer. Je décrirai le double fardeau que portent certains : non seulement ils doivent gérer les défis inhérents à leur condition, mais ils luttent aussi pour être reconnus et compris par leur entourage. Cette nécessité constante d'expliquer leur état pour éviter jugements et malentendus peut accroît leur solitude et leur souffrance psychologique. En conclusion, je soulignerai combien il est crucial de faire preuve de tolérance dans nos interactions quotidiennes. Reconnaître que nous pouvons tous être confrontés à des défis invisibles nous incite à adopter une attitude plus indulgente, ce qui est essentiel pour bâtir une société plus inclusive où le fardeau du handicap invisible n'a plus à être porté seul.