Efficacy in deceptive vocal exaggeration of human body size

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L'exagération de la taille corporelle est très courante dans le règne animal : les émetteurs de nombreuses espèces produisent des cris exagérément graves pour paraitre plus grands qu'ils ne le sont en réalité, afin de menacer les concurrents ou d'attirer des partenaires potentiels. Mais ce type de tromperie affecte-t-il vraiment les auditeurs ?

Les recherches menées par Kasia Pisanski et David Reby, publiées cette semaine dans Nature Communications, apportent des réponses à ces questions qui occupent les spécialistes de la communication animale depuis plusieurs décennies.

Les chercheurs ont constaté que les auditeurs humains arrivent fréquemment à détecter quand les émetteurs essaient de paraître plus ou moins grands en modifiant leurs fréquences vocales. Et lorsque les auditeurs détectent correctement un «tricheur», ils recalibrent leurs jugements de taille, en particulier lorsqu’un homme estime la taille d’un autre homme. Cela suggère que la détection de la tricherie peut réduire les erreurs et donc atténuer les effets de la tromperie, en particulier dans des contextes comme la compétition entre hommes. Les résultats montrent également qu'il est toujours payant pour les émetteurs d’exagérer. En effet, non seulement la tricherie n'est détectée qu’une fois sur deux, mais elle-même détectée, elle peut rester effective.

Les chercheurs ont utilisé des enregistrements de voix d'hommes et de femmes auxquels ils avaient demandé de paraitre physiquement plus grand, plus petits, ou de parler normalement lorsqu’ils prononçaient une série de voyelles. Ensuite, ils ont diffusé ces enregistrements «tricheurs» ou «honnêtes» à 200 auditeurs auxquels ils ont demandé d’estimer la taille réelle des personnes qui parlaient, et de décider si ces personnes parlaient normalement ou essayaient d'exagérer ou de minimiser leur taille réelle.

Ils ont observé que, bien que les auditeurs étaient globalement bernés par signaux exagérés - surestimant les tailles des exagérateurs - ils conservaient la possibilité de comparer leurs tailles. Par ailleurs, les auditeurs qui pouvaient détecter qu’une personne essayait de paraître plus gros ou plus petite ajustaient leurs jugements de hauteur, et étaient donc plus précis que les auditeurs qui étaient «dupes».

En répondant à des questions essentielles sur la communication animale, auxquelles il serait extrêmement difficiles de répondre au moyen d’expériences impliquant des animaux, cette recherche illumine notre compréhension de la course aux armements à laquelle se livrent signaleurs et récepteurs depuis la nuit des temps. Pisanski et Reby espèrent que leur travail encouragera la conception d’études visant à tester si ces résultats se généralisent aux espèces animales, et à la communication en général.

Pour en savoir plus, consultez l'article disponible gratuitement en ligne : Pisanski, K. & Reby, D. (2021). Efficacy in deceptive vocal exaggeration of human body size, Nature Communications, et le blog Behind the Paper dans Nature Ecology and Evolution.
DOI : 10.1038/s41467-021-21008-7
http://www.nature.com/ncomms

La version finale pdf de l'article en open-access : https://rdcu.be/cfaCJ
Le blog de Nature Behind the Paper : https://go.nature.com/2MLjTwQ

Le communiqué de presse