Hommage à Martine Meunier

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Martine Meunier nous a quitté samedi 2 mars 2024. Martine animait avec dynamisme et humanité un pan important des recherches de l’équipe IMPACT du Centre de recherche en neurosciences de Lyon - CRNL (CNRS/Inserm/Université Claude Bernard) et a co-créé le GDR Biosimia dédié à la recherche utilisant le primate non-humain.

Après un doctorat en neurosciences à Bordeaux avec Claude Destrade en 1988, elle passe 3 ans au NIH dans le Maryland, États-Unis, où elle collabore avec Mortimer Mishkin, Jocelyne Bachevalier et Elisabeth Murray, publiant des travaux phares sur la mémoire.

Recrutée au CNRS en 1991 à Bordeaux, elle rejoint ensuite le professeur Marc Jeannerod à la création de l’Institut des sciences cognitives à Lyon. Après quelques années à Marseille, elle revient à Lyon où elle établira ses recherches au sein du CRNL. Ses recherches récentes liaient attention, apprentissage, et cognition sociale, avec une approche très originale et ambitieuse, allant du cerveau au comportement, de l'enfant à l'adulte, et du singe à l'humain, avec l’objectif d’appliquer le résultat de ses recherches fondamentales au contexte scolaire.

Martine a aussi indéniablement laissé son empreinte dans la communauté scientifique à travers son engagement dans l'éthique et la transparence en recherche utilisant l’animal à des fins expérimentales. Elle fut pionnière dans cette démarche visant à informer sur l’utilité de cette recherche et sur ses pratiques réelles, mettant au premier plan le bien-être animal. Avec un engagement à la hauteur de ses convictions: de l’enseignement à la Cellule Communication du CRNL, de la création du comité d’éthique en expérimentation animale CELYNE qu’elle présida de 2011 à 2017 à l’initiative d’une visite virtuelle d’animalerie primate.

Référente régionale du Bureau éthique animale (BEA) du CNRS, région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), elle était aussi membre de la cellule "Riposte" de l'Inserm de lutte contre la désinformation et les idées fausses. Martine a également œuvré avec ténacité pour que ces sujets et combats soient portés plus largement dans nos communautés scientifiques, au niveau national et au niveau européen. À ce titre, elle a co-créé, en 2016, avec un chercheur Lyonnais, un groupement de recherche national, le GDR BioSimia du CNRS, fédérant plus de 60 équipes de recherche biomédicale impliquant des modèles primates. Au sein de ce GDR, elle a renforcé l’éthique et la communication en recherche animale et a été à l’initiative de la signature de la charte de transparence. Elle a aussi été à l’origine de la réalisation du site grand public du GDR (https://gdr-biosimia.com/). Elle participa à des actions d’information sur le rôle des recherches utilisant le primate au niveau européen et contribua à une extension Européenne de cette fédération (EU-Simia). Enfin, la communauté lyonnaise lui doit également l’ouverture d’un poste de vétérinaire primatologue et la création, avec ses collègues lyonnais, d’une plateforme de recherche chez le primate, PRIMAGE, et d’avoir initié et pérennisé une filière de retraite méritée pour nos animaux.

Martine était une femme engagée, courageuse, bienveillante, extrêmement généreuse et d’une incroyable humilité qui rendait la science accessible à toutes et tous. Son amour et sa curiosité pour les animaux fut au centre de son engagement. Rigueur, force et détermination la caractérisaient. Une femme de conviction, avec de belles valeurs humaines qu’elle a su transmettre à toutes les personnes qu’elle a accompagnées. Positive et souriante, elle nous ouvrait toujours sur d’autres horizons en les rendant possibles. Martine ta combativité, jovialité et amitié vont cruellement nous manquer.

 

© Alice Catherine Roy 2005